Les sens
La vue
La vue des serpents est bien meilleure qu'on ne le pense. C'est un sens important. Les serpents l'utilisent pour repérer proies et prédateurs, généralement en parallèle avec un ou plusieurs autres sens. Elle n'est pas forcément très précise, mais elle peut être performante pour repérer les mouvements.
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Les serpents ont un champ visuel étendu qui dans certains cas peut dépasser les 220°. Leur vision binoculaire leur permet de bien apprécier les distances si importantes pour leurs techniques de chasse. Elle peut atteindre les 45°. |
Vision d'un serpent du genre Ahaetulla (serpent arboricole). |
Il semble qu'au moins les serpents diurnes voient les couleurs. Peut-être même aussi bien que nous.
Les pupilles des serpents ont des formes variées.
- Les pupilles rondes sont particulièrement adapté à une vision diurne et chez les serpent qui passent beaucoup de temps dans l'eau.
- Les chasseurs en embuscade ont plutôt des pupilles fendues verticalement. C'est également le cas de nombreux serpents nocturnes qui ont surtout des bâtonnets. Les bâtonnets sont aussi présents dans les yeux pourtant ronds ce certains serpents nocturnes.
- En Asie un colubridae a une pupille ronde qui devient verticale quand il se sent agressé.
- Les serpents arboricoles peuvent avoir une pupille horizontale pour bénéficier d'une meilleure appréciation des distances. Ils ont une très bonne vue stéréoscopique (vision du relief) et bénéficie d'un très large champ visuel.
Les serpents n'ont pas de paupières contrairement aux lézards par exemple, y compris les orvets, mais leurs yeux sont protégés par une écaille transparente qui est remplacée à chaque mue.
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Pupille ronde d'un serpent volant du paradis (Chrysopelea Paradisi) |
Pupille verticale d'un crotal de Wagler (Tropidolaemus Wagleri) |
Pupille horizontale d'un serpent fouet (Ahaetulla Prasina) |
Le champ visuel étant limité au sol, de nombreux serpents se dressent pour mieux voir.
Les scoléophidiens, des serpents fouisseurs, sont presque aveugles et évitent la lumière.
La thermoception
Certaines espèces (les pythonidés, les crotalinés et dans une moindre mesure les Boïnés) perçoivent les températures de leur environnement. Ils peuvent détecter les rayonnements infrarouges émis par une proie endotherme (un oiseau ou un mammifère) avec une grande précision.
Les pythonidés ont de petites dépressions (jusqu'à 13 paires) qui suivent leur écaille labiale (le long des lèvres).
Les fossettes des crotalinés (voir ci-dessous) sont placées entre les narines et les yeux.
Pour certains serpents, une différence de quelques millièmes de degré au contact des terminaisons nerveuses est suffisante pour être perçue par le cerveau.
Chez les serpents à sonnette (crotalus), une membrane thermosensible de 0,015 mm d'épaisseur et 30 mm² absorbe le rayonnement infrarouge qui pénètre dans les fossettes. Une variation de 0,003°C active les neurones du nerf trijumeau. L'analyse de la perception de chaque fossette lui permet de localiser sa proie et d'estimer la distance où elle se trouve avant de déclencher l'attaque.
Cette vue infrarouge n'est pas indépendante ; elle se "mélange" à la vue.
 Fossettes thermosensibles d'un crotale de Wagler entre les narines et les yeux |
 Fossettes thermosensibles d'un python réticulé autour de la bouche. |
L'ouïe
Les serpents n'ont pas une très bonne ouïe. Ils perçoivent une gamme de fréquences bien plus réduite que la nôtre.
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- Ils n'ont pas d'oreilles externes, mais ça ne signifie pas qu'ils sont sourds. En effet, ils ont un petit os appelé "stapes" relié à l'os carré qui permet de percevoir les vibrations et de les transmettre à l'oreille interne que le cerveau traduit ensuite en son. - Les vibrations du sol en contact direct avec la tête sont transmises par les mâchoires à l'os carré, puis à l'osselet et au cerveau. Cette perception des vibrations fonctionne moins bien dans l'eau, mais les serpents aquatiques l'utilisent aussi. - L'oreille interne fonctionne parfaitement. |
L'odorat
Les serpents ont des cellules olfactives dans les narines, mais il est difficile de dire à quel point elle leur sont utiles. A priori, l'odorat leur permet tout de même de détecter certaines proies et certains prédateurs. Il est d'autant plus difficile d'évaluer l'utilité et la performance de leur odorat qu'il n'est pas toujours aisé de le différencier de la "vomérolfaction" qu'on pourrait décrire comme une espèce d'odorat en 3D.
La vomérolfaction
Le serpent sort plus ou moins régulièrement sa langue bifide pour capter les odeurs de l'environnement et les ramener dans la bouche.
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La langue transmet les éléments odorants par contact à l'organe de Jacobson qui se trouve dans le palais. Egalement en deux parties, ce dernier qui encadre la langue et perçoit les différences de perceptions entre la gauche et la droite permettent au serpent de savoir d'où viennent les odeurs. L'information récoltée est ensuite transmise au cerveau. |
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La vomérolfaction fonctionne aussi très bien dans l'eau. Les serpents semi-aquatiques et marins l'utilisent aussi. |
Un serpent d'eau à tête de chien dans une eau souvent très turbide qui limite grandement l'acuité visuelle |
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Elle aide beaucoup les serpents à reconnaître leurs proies et à les suivre. |
Langue bifide d'un python réticulé |
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La langue entre entièrement dans un logement et est protégée pendant l'ingestion d'une proie. |
Langue bifide d'une vipère de mangrove, sortant puis rentrant dans son logement. |
Le toucher
Dans "The book of Snakes", Mark O'Shea décrit de minuscules creux sur le corps des serpents. Bien que le débat reste entier chez les scientifiques, il semble que ces zones très innervées aident le serpent à se déplacer dans son environnement. Il aurait une importance dans la détection des hormones sexuelles et dans le toucher.
Quelques cas particuliers
- Aipysurus Laevis a des cellules photosensibles sur la queue pour savoir comment est camouflé sa queue lorsqu'il se cache de la lumière.
